par nassim Mar 6 Sep 2005 - 21:59la chanteuse canadienne a offertt 1 million de dollars aux victimes de la catastrophe Katrina, grand geste de sa part, elle a même était super en colère dans une émission, voilà un petit récit
Le visage ruisselant de larmes, ses mains s'agitant comme des pantins épileptiques, sa voix, blanche et menaçante, Céline Dion était en colère. Fâchée noir. Hors d'elle. À un point tel que Larry King, le roi de CNN, a cru bon l'interrompre et lui demander au beau milieu de l'entrevue: «Are you O.K, Céline?»
Sous-entendu: es-tu au bord de la crise de nerfs, ma belle? As-tu oublié que tu es à la télé devant des millions d'Américains qui croient que tu es en train de «sauter une coche»? Mais Céline n'avait que faire des mises en garde du «king» de CNN. À 20 minutes de son entrée sur la scène du Ceasars Palace un petit samedi soir de fête du Travail, elle venait de partir en guerre.... contre la guerre.
Sans préparation aucune, sans texte, sans plan de match, avec pour tout carburant sa rage nue et palpable, Céline a plongé dans la mer démontée de ses émotions et livré une charge à fond de train contre la guerre en Irak et contre l'incompétence du gouvernement américain en Louisiane. Pour une personnalité de sa stature, de sa popularité et de sa richesse dans un pays où le silence est d'or, c'était un pari d'autant plus risqué que, pour une fois, Céline ne semblait suivre aucun scénario prédigéré sinon celui de sa légendaire émotivité.
Pourquoi est-ce si facile d'envoyer des avions pour tuer tout le monde et détruire la vie? a-t-elle demandé à travers le rideau de ses larmes, en insinuant que les Américains avaient plus de facilité à tuer des gens en Irak qu'à sauver des vies chez eux. Tantôt elle parlait comme une mère, solidaire de toutes les mères du Mississippi, tantôt comme une petite fille impatiente qui vient de cracher un million et qui ne comprend pas que son fric miraculeux se soit dissous comme un morceau de sucre dans les eaux pourries du Mississippi.
La petite fille muée en «gérant d'estrade» avait d'ailleurs dressé la liste des choses à faire: envoyez des hélicoptères, défoncez les portes et les toits, prenez des kayaks s'il le faut et remplissez-les de monde au lieu d'y aller un à la fois. Celle qui se vantait autrefois de ne jamais regarder les nouvelles vivait depuis une semaine scotchée à une télé, incapable d'avaler son café le matin et s'obligeant à chanter le soir même si elle n'en avait plus la force ni l'envie.
À travers les images crues du satellite, elle a découvert, comme tant d'autres, la face cachée des États-Unis d'Amérique: celle de la pauvreté extrême et de l'inégalité sociale réduite à hurler sa faim, sa douleur et sa déshydratation sur des cartons de fortune brandis à la caméra. Face à cet insupportable spectacle, Céline aurait pu se taire ou continuer sa vie comme si de rien n'était. Elle a préféré parler, quitte à passer pour une folle et une hystérique.
Est-elle allée trop loin? Complètement. A-t-elle eu raison? Complètement aussi. L'a-t-elle fait spontanément ou pour le show? À la faveur des milliers de sinistrés ou pour s'imposer comme la nouvelle mère Teresa de Las Vegas? Peu importe ses motivations profondes. Ce qui compte, c'est que Céline a donné un million de dollars à la Croix-Rouge alors que des centaines de stars américaines aussi riches qu'elles n'ont pas donné une cenne. Ce qui compte, c'est que Céline Dion, dont le discours public se limite habituellement à la description de ses ovulations, a pris position. Elle l'a fait confusément peut-être, mais assez clairement pour que tout le monde comprenne. Et elle a eu raison. Mille fois raison d'exprimer son indignation haut et fort en envoyant promener les formules prudentes et policées. Raison de s'insurger contre la guerre en Irak et de protester contre les mitraillettes de La Nouvelle-Orléans, plus occupées à chasser les pilleurs qu'à sauver les gens.
Devra-t-elle en payer le prix? Même si c'était le cas, elle a les moyens de vivre sans la frange la plus patriotique de son public. Mais j'en doute. Il y a de plus en plus d'Américains qui pensent tout bas comme elle. Et peut-être même une poignée d'artistes qui vont suivre son exemple. Tout ce qu'elle risque de perdre, c'est une invitation à la Maison-Blanche chez un type qui, encore hier soir, vantait la compassion des Américains pendant que la télé nous montrait les images des habitants de Lafayette s'armant jusqu'aux dents. Si, samedi soir, Céline a perdu la sympathie de George Bush, elle n'a rien perdu.
Le visage ruisselant de larmes, ses mains s'agitant comme des pantins épileptiques, sa voix, blanche et menaçante, Céline Dion était en colère. Fâchée noir. Hors d'elle. À un point tel que Larry King, le roi de CNN, a cru bon l'interrompre et lui demander au beau milieu de l'entrevue: «Are you O.K, Céline?»
Sous-entendu: es-tu au bord de la crise de nerfs, ma belle? As-tu oublié que tu es à la télé devant des millions d'Américains qui croient que tu es en train de «sauter une coche»? Mais Céline n'avait que faire des mises en garde du «king» de CNN. À 20 minutes de son entrée sur la scène du Ceasars Palace un petit samedi soir de fête du Travail, elle venait de partir en guerre.... contre la guerre.
Sans préparation aucune, sans texte, sans plan de match, avec pour tout carburant sa rage nue et palpable, Céline a plongé dans la mer démontée de ses émotions et livré une charge à fond de train contre la guerre en Irak et contre l'incompétence du gouvernement américain en Louisiane. Pour une personnalité de sa stature, de sa popularité et de sa richesse dans un pays où le silence est d'or, c'était un pari d'autant plus risqué que, pour une fois, Céline ne semblait suivre aucun scénario prédigéré sinon celui de sa légendaire émotivité.
Pourquoi est-ce si facile d'envoyer des avions pour tuer tout le monde et détruire la vie? a-t-elle demandé à travers le rideau de ses larmes, en insinuant que les Américains avaient plus de facilité à tuer des gens en Irak qu'à sauver des vies chez eux. Tantôt elle parlait comme une mère, solidaire de toutes les mères du Mississippi, tantôt comme une petite fille impatiente qui vient de cracher un million et qui ne comprend pas que son fric miraculeux se soit dissous comme un morceau de sucre dans les eaux pourries du Mississippi.
La petite fille muée en «gérant d'estrade» avait d'ailleurs dressé la liste des choses à faire: envoyez des hélicoptères, défoncez les portes et les toits, prenez des kayaks s'il le faut et remplissez-les de monde au lieu d'y aller un à la fois. Celle qui se vantait autrefois de ne jamais regarder les nouvelles vivait depuis une semaine scotchée à une télé, incapable d'avaler son café le matin et s'obligeant à chanter le soir même si elle n'en avait plus la force ni l'envie.
À travers les images crues du satellite, elle a découvert, comme tant d'autres, la face cachée des États-Unis d'Amérique: celle de la pauvreté extrême et de l'inégalité sociale réduite à hurler sa faim, sa douleur et sa déshydratation sur des cartons de fortune brandis à la caméra. Face à cet insupportable spectacle, Céline aurait pu se taire ou continuer sa vie comme si de rien n'était. Elle a préféré parler, quitte à passer pour une folle et une hystérique.
Est-elle allée trop loin? Complètement. A-t-elle eu raison? Complètement aussi. L'a-t-elle fait spontanément ou pour le show? À la faveur des milliers de sinistrés ou pour s'imposer comme la nouvelle mère Teresa de Las Vegas? Peu importe ses motivations profondes. Ce qui compte, c'est que Céline a donné un million de dollars à la Croix-Rouge alors que des centaines de stars américaines aussi riches qu'elles n'ont pas donné une cenne. Ce qui compte, c'est que Céline Dion, dont le discours public se limite habituellement à la description de ses ovulations, a pris position. Elle l'a fait confusément peut-être, mais assez clairement pour que tout le monde comprenne. Et elle a eu raison. Mille fois raison d'exprimer son indignation haut et fort en envoyant promener les formules prudentes et policées. Raison de s'insurger contre la guerre en Irak et de protester contre les mitraillettes de La Nouvelle-Orléans, plus occupées à chasser les pilleurs qu'à sauver les gens.
Devra-t-elle en payer le prix? Même si c'était le cas, elle a les moyens de vivre sans la frange la plus patriotique de son public. Mais j'en doute. Il y a de plus en plus d'Américains qui pensent tout bas comme elle. Et peut-être même une poignée d'artistes qui vont suivre son exemple. Tout ce qu'elle risque de perdre, c'est une invitation à la Maison-Blanche chez un type qui, encore hier soir, vantait la compassion des Américains pendant que la télé nous montrait les images des habitants de Lafayette s'armant jusqu'aux dents. Si, samedi soir, Céline a perdu la sympathie de George Bush, elle n'a rien perdu.
